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L’accès à des semences de qualité demeure un facteur déterminant pour permettre aux agriculteurs d’améliorer leurs rendements et d’accroître leurs revenus en Afrique de l’Ouest et du Centre. Dans une région où les importations alimentaires atteignent chaque année près de 1 200 milliards de FCFA, l’enjeu est de transformer les systèmes semenciers afin de progresser vers la souveraineté alimentaire et nutritionnelle. Face à ces défis, le CORAF a multiplié les initiatives clés pour améliorer le paysage semencier régional.

ABEE : des initiatives qui portent leurs fruits

Depuis 2020, le projet ABEE (Renforcement des réseaux et des capacités institutionnelles en amélioration des plantes pour le développement de cultures résilientes répondant aux besoins des paysans d’Afrique de l’Ouest), coordonné par le CORAF avec l'appui de l'Union européenne, démontre qu'il est possible de révolutionner l'accès aux semences de qualité.

Les résultats parlent d'eux-mêmes : 20 400 exploitants agricoles touchés (dont 37% de femmes), 10 310 bénéficiaires directs ayant reçu des semences améliorées, et 52 834 tonnes de semences de prébase produites. Plus significatif encore, 413 essais ont été menés dans le cadre du réseau régional IAVAO (Innovation et amélioration variétale en Afrique de l'Ouest), créant une dynamique d'échanges sans précédent sur cinq cultures stratégiques : sorgho, mil, niébé, arachide et fonio.

Par ailleurs, une nouvelle génération de sélectionneurs et de chercheurs est active dans la modernisation de l’amélioration variétale dans la région. ABEE a formé 62 jeunes chercheurs, dont 12 doctorants et 50 étudiants de Master, posant les bases d'une relève scientifique capable de répondre aux défis de demain. 

Accroître l’offre des semences de qualité en Afrique de l’Ouest

L'expérience du projet GIRAV en Gambie illustre parfaitement comment une approche ciblée peut transformer un secteur. En renforçant les capacités du Secrétariat national des semences, le CORAF a permis de consolider la sécurité semencière du riz, culture vitale pour le pays.

Concrètement, cela se traduit par un meilleur accès des producteurs, en particulier les femmes et les jeunes, à des semences de riz et de maïs de qualité, favorisant des récoltes plus abondantes et des revenus accrus. Portée par la sous-composante 2.2 du projet GIRAV financé par le gouvernement gambien et la Banque mondiale, cette initiative démontre que l'investissement dans les semences génère des retombées économiques durables. 

Les jeunes au cœur de la révolution semencière

Le CORAF dans le cadre du projet CAADP-XP4 a organisé en 2024 et 2025 une série de formations régionales au profit des femmes et des jeunes sur les techniques de production de semences et gestion des entreprises semencières en Afrique de l’Ouest et du Centre. L’objectif principal était de renforcer la capacité des entreprises et organisations agricoles des femmes et des jeunes dans la multiplication, la transformation, la commercialisation et la gestion des entreprises semencières avec une participation féminine de 66% et jeune de 36%, démontrant une génération actrice du changement agricole dans le continent. 

L'enthousiasme de Gallo Ndiaye, jeune agriculteur de Mboro dans la région de Thiès au Sénégal, illustre cette dynamique transformatrice par le biais des initiatives du CORAF dans le renforcement des capacités des jeunes et des femmes à utiliser des semences de qualité : "Les semences sont si performantes que je peux repiquer à tout moment et garantir un bon rendement. Je regrette d'avoir connu le CORAF si tard… Dans 5 ans, je veux une exploitation moderne, bien équipée, et être fournisseur pour les marchés nationaux."

Cette vision entrepreunariale est un prolongement concret des formations à travers l’initiative d’octroyer des semences de démarrage pour un accompagnement post formation auprès des bénéficiaires. En effet, cette démarche transforme l’apprentissage théorique en opportunité économique permettant aux jeunes entrepreneurs de tester, de commercialiser et de multiplier les variétés performantes dans leurs communautés. 

Un plaidoyer pour l'accès aux semences :  harmoniser pour mieux avancer 

Les réunions annuelles du Comité Régional des Semences et Plants de l'Afrique de l'Ouest et du Sahel (CRSPAOS) coordonnées par le CORAF ont permis de renforcer la gouvernance régionale des semences. Ces rencontres techniques et politiques ont facilité l'appropriation des réglementations harmonisées par les États membres des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, de même que la vulgarisation des plateformes régionales de gestion et de suivi des variétés. 

« La multiplication des semences reste insuffisante pour couvrir nos besoins, les systèmes de certification accusent encore des dysfonctionnements, et surtout, les barrières commerciales continuent d'entraver la libre circulation des semences entre nos pays. Ces défis appellent des solutions innovantes et une volonté politique renouvelée.» a déclaré Dr Moumini SAVADOGO, directeur exécutif du CORAF au cours de la 10e réunion ordinaire du CRSPAOS tenue du 15 au 17 septembre 2025. 

En sa qualité de Secrétariat permanent du CRSPAOS, le CORAF poursuit, avec le soutien de ses partenaires techniques et financiers, ses efforts de coordination pour garantir une mise en œuvre effective des réglementations harmonisées et accélérer l’accès des producteurs à des semences de qualité.

Par ailleurs, lors du Forum Africain sur les Systèmes Alimentaires 2025 organisé à Dakar, le CORAF a animé en collaboration avec AfricaRice et ISRA deux side-events sur l'accès aux semences de qualité. Cette plateforme d'échanges a réuni des décideurs politiques, des chercheurs, des acteurs du secteur privé et des organisations de producteurs pour définir une feuille de route commune. Les discussions ont abouti à l'adoption d'orientations stratégiques concrètes visant à accélérer la transformation des systèmes semenciers. « Moins de 25% des agriculteurs en Afrique utilisent des semences certifiées. La transformation des systèmes alimentaires africains et l’éradication de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle passent par l’utilisation à large échelle des semences de qualité. » affirme Dr Ousmane Ndoye, gestionnaire de projets et responsables des questions semencières au CORAF. 

Vers des solutions innovantes 

Malgré ces avancées, plusieurs obstacles demeurent. Les mécanismes financiers classiques ne sont souvent pas adaptés aux besoins spécifiques de la filière semencière. Les coûts de production, certification et distribution restent élevés, freinant l'investissement local. Pour relever ces défis, le CORAF propose une approche holistique articulée autour de plusieurs axes stratégiques :

• Investir massivement dans la recherche et le capital humain en formant une nouvelle génération de sélectionneurs et en modernisant les infrastructures de contrôle qualité.
• Encadrer les modèles d'exclusivité pour attirer l'investissement privé tout en préservant l'équité et en évitant l'exclusion des petits producteurs.
• Promouvoir des financements innovants et inclusifs adaptés aux besoins spécifiques de la filière semencière.
• Renforcer l'inclusion et l'équité de genre en facilitant l'accès des femmes et des jeunes au foncier, aux financements et aux dispositifs de formation.
• Encourager un secteur privé responsable à travers la création d'un environnement favorable à l'émergence d'entreprises semencières locales compétitives.

Les semences de qualité constituent le socle de la souveraineté alimentaire et de la résilience climatique. C'est dans cette optique que le CORAF continue de mobiliser ses partenaires pour transformer durablement les systèmes alimentaires en Afrique de l’Ouest et du Centre.

En savoir plus

• GIRAV: Seeds of Change in The Gambia
• Projet ABEE : Une dynamique régionale pour moderniser la sélection variétale 
• Plateforme E-CHAIN : https://e-chain.sck-africa.org