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Dans le cadre du mois dédié aux femmes, le CORAF met en lumière le portrait inspirant du Dr. Pauline MOUNJOUENPOU LIMI, une figure marquante de l'agriculture africaine. Première femme à occuper le poste de Directrice de Recherche à l'Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD) au Cameroun, elle symbolise l'excellence et la détermination dans le domaine de la recherche agricole. Son engagement en faveur de l'amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle à travers ses travaux sur la science et la technologie post-récolte en fait un modèle inspirant pour les femmes aspirant à une carrière scientifique en agriculture.

1. Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel dans le domaine de la recherche agricole ? 

J'ai débuté ma carrière de chercheuse en 2002 à l'Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD), où j'ai gravi les échelons jusqu'à devenir la première femme Directrice de Recherche en 2020. Spécialisée en science des aliments - nutrition, mes travaux ont porté sur l'approche prospective des systèmes techniques traditionnels de transformation alimentaire et leur impact sur la qualité finale du produit, l'environnement et les innovations qui en découlent. J'ai également contribué à mettre en lumière la contamination des denrées et aliments « made in Cameroon » par les mycotoxines et les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP's).

En collaboration avec des ONG, j'ai formé près de 5000 producteurs aux innovations technologiques dans les principaux bassins de production agricole au Cameroun. Boursière du programme AWARD (African Women in Agriculture and Development), j'ai acquis des compétences en leadership, management des ressources humaines et questions liées au genre.

Aujourd'hui, en tant qu'expert en technologie post-récolte au sein du Comité Scientifique et Technique (CST) du CORAF, je continue à œuvrer pour le développement de l'agriculture en Afrique.

J'ai publié plus d'une centaine d'articles scientifiques dans des revues à fort impact, ainsi que des communications dans des colloques nationaux et internationaux. J'ai également écrit des ouvrages scientifiques et des chapitres d'ouvrages. En outre, j'ai encadré une cinquantaine d'étudiants de différents niveaux (PhD, MSC, Ing) dans leurs travaux de recherche.

J'ai été récompensée par plusieurs prix d'excellence scientifique, notamment le prix de la valorisation pour mes travaux sur les épluchures de manioc, ainsi que le prix du Meilleur chercheur Junior. Je suis également membre de plusieurs sociétés savantes, témoignant de mon engagement et de ma contribution à la communauté scientifique.

2. Quels défis avez-vous rencontrés en tant que femme chercheuse et comment les avez-vous surmontés ? 

Mon parcours en tant que femme chercheure a été jalonné de défis, notamment en raison de l’inégalité de genre et de la différence d'âge marquée entre les collègues de la gent masculine. J'ai dû faire face au rejet et à la domination de mes collègues, qui estimaient que je devais rester une simple exécutante. Pendant deux ans, j'ai douté de mes compétences jusqu'à ce qu'une rencontre fortuite avec un missionnaire du CIRAD à l'IRAD me redonne confiance. Grâce à ma persévérance et à ma détermination, j'ai su surmonter ces obstacles pour devenir la première femme Directrice de Recherche à l'IRAD. Aujourd’hui, mon parcours est souvent cité en exemple de réussite, illustrant ma capacité à équilibrer avec succès ma vie personnelle et professionnelle, tout en inspirant d'autres femmes à suivre leur propre voie dans le domaine scientifique.

3. Qui sont vos modèles ou sources d’inspiration dans le domaine de la recherche agricole ? 

Je tiens à mentionner M. Bertrand TAILLEZ, le Missionnaire du CIRAD à l’IRAD, qui m’a encouragé et m’a fait croire en moi. Grâce à lui, j’ai pu obtenir une bourse de thèse à l’Université de Montpellier-2 en France. Je pense également à M. Bernard GUYOT, chercheur du CIRAD et mon Directeur de thèse, ainsi qu'à Pr. Robert NDJOUENKEU, qui m’a beaucoup encadré et encouragé dans la recherche. 

4. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui aspirent faire carrière dans la recherche agricole ? 

Je leur transmettrais l'idée que la recherche agricole offre des opportunités gratifiantes, accessibles aux femmes tout autant qu'aux hommes. Il est primordial de se fixer des objectifs ambitieux et de persévérer pour les réaliser. Les femmes jouent un rôle essentiel dans ce domaine, où leur contribution peut être tangible et significative.