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Le CORAF est une organisation importante qui travaille à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique de l'Ouest. Les initiatives récentes du CORAF sont un signe prometteur de sa détermination à relever les défis auxquels l'Afrique de l'Ouest est confrontée.

ABEE : Une dynamique régionale pour moderniser la sélection variétale en Afrique de l’Ouest

Publié le : 24/06/2025

Face à l’urgence climatique, à l’irrégularité croissante des saisons agricoles et à une demande accrue en semences de qualité, les systèmes agricoles d’Afrique de l’Ouest ont besoin d’accélerer leur développement. L’un des leviers les plus puissants pour y parvenir est la modernisation de la sélection variétale, essentielle pour permettre aux programmes nationaux de répondre de manière plus pertinente à une demande variétale ciblée sur les besoins du marché et de gagner en efficacité dans le développement de variétés résilientes, productives et de bonne qualité nutritionnelle, adaptées à leur environnement. . C’est pour cet objectif qu’a été lancé, en octobre 2019, le projet ABEE (Renforcement des réseaux et des capacités institutionnelles en Amélioration des plantes pour le développement de cultures résilientes répondant aux besoins des paysans d’Afrique de l’Ouest), avec l’appui financier de l’Union européenne.

Coordonné par le CORAF, le projet vise à renforcer les réseaux régionaux de sélection, outiller les chercheurs, et promouvoir des variétés plus résilientes, productives, adaptées à l’environnement local et de qualité nutritionnelle. Il se focalise sur cinq spéculations : sorgho, mil, niébé, arachide et fonio. 

« Le projet ABEE marque un tournant dans l’organisation et la professionnalisation de la sélection variétale en Afrique de l’Ouest. Grâce à une approche collaborative, nous mettons la recherche au service des producteurs pour une agriculture plus résiliente et inclusive », explique Dr Ousmane Ndoye, Coordonnateur du projet ABEE.

Dans les prochaines lignes, nous mettons en exergue les principaux acquis du projet depuis son lancement en 2019, illustrant ainsi son rôle stratégique dans la transformation des systèmes semenciers en Afrique de l’Ouest.

Des résultats concrets et porteurs de transformation

Cinq ans après sa mise en oeuvre, le projet ABEE affiche des résultats probants, 62 jeunes chercheurs ont été encadrés, dont 12 doctorants (parmi eux 2 femmes) et 50 étudiants de Master II (dont 8 femmes), avec 28 mémoires de master déjà soutenus. Ce renforcement des capacités humaines pose les bases d’une relève générationnelle  scientifique solide au sein des systèmes nationaux.

Au niveau des producteurs, 20 400 exploitants agricoles, dont 37 % de femmes ont été touchés, avec 10 310 bénéficiaires directs qui ont reçu des semences de variétés améliorées, issues de 2 040 tests participatifs en milieu paysan et à travers la distribution de petits paquets d’intrants. Ces activités ont été menées en collaboration avec six organisations paysannes : AMSP, YIYE, Sougr-Nooma au Burkina Faso, RESOPP au Sénégal, Fuma Gaskia et Mooriben au Niger.

Depuis le début du projet, Les cadres de concertation avec les acteurs du système semenciers a permis de mobiliser 295 acteurs semenciers (dont 22 % de femmes) autour de l’identification de variétés productives qui répondent aux besoins des agriculteurs. Ceci permettra d’assurer la durabilité du système de production de semences et permettra aux sélectionneurs d’intensifier la production de semences de première génération (Go) sur la base des informations précieuses fournies par les producteurs privés. En parallèle, 413 essais ont été menés dans le cadre d’un réseau régional d’échange de matériel génétique IAVAO (Innovation et amélioration variétale en Afrique de l’Ouest), favorisant ainsi l'échange et l'utilisation de matériel génétique et des données à l’échelle régionale. Une charte a déjà été mise en place, dans le cadre du réseau de tests de IAVAO pour encadrer les échanges de matériel génétique dans la région

Le projet ABEE a aussi permis la production de 52,834 tonnes de semences de prébase, essentielles pour alimenter la production locale de semences certifiées et améliorer l’accès des producteurs aux innovations génétiques.

De son côté, Dr Moumini Savadogo, Directeur exécutif du CORAF, déclare :
« ABEE illustre parfaitement notre vision d’une recherche ancrée dans les besoins du terrain. Avec le soutien de l’Union européenne, nous posons les bases d’un système semencier robuste, capable de répondre aux défis de demain et de garantir la sécurité alimentaire régionale. »

Une transition numérique en cours

ABEE contribue également à la modernisation des pratiques de sélection en introduisant des outils numériques performants. 22 sélectionneurs, dont 5 femmes, utilisent désormais le Breeding Management System (BMS) pour la gestion des essais, la migration des données phénotypiques et la collecte des données via tablette. Toutes les données sont hébergées de manière sécurisée sur un serveur dédié.

De plus, 11 sélectionneurs (dont 1 femme) intègrent désormais les marqueurs moléculaires dans leurs programmes, permettant une sélection plus rapide, ciblée et efficace. 

Pour faciliter la capitalisation et le partage des connaissances, le projet a développé la plateforme régionale E-CHAIN, accessible via https://e-chain.sck-africa.org. Cette plateforme transforme radicalement la dynamique de la chaîne de valeur des semences en connectant les acteurs clés. Elle constitue une base de données stratégique pour les programmes de sélection dans les trois pays de mise en œuvre (Burkina Faso, Niger et Sénégal). 

Une architecture multi-acteurs fondée sur l'expertise et la collaboration

Le projet ABEE est conduit en étroite collaboration avec les instituts nationaux de recherche : l'Institut de l'Environnement et de Recherches Agricoles du Burkina Faso (INERA) , l'Institut Sénégalais de Recherche Agricole (ISRA) et l'Institut National de la Recherche Agronomique du Niger (INRAN), avec l’appui de partenaires techniques tels que le CIRAD, l’Integrated Breeding Platform (IBP). Ce partenariat combine expertise scientifique, innovation technologique et intelligence locale.

Le projet adopte une approche intégrée, basée sur le renforcement des capacités humaines, l’expérimentation participative, l’innovation numérique et la capitalisation des connaissances.

En articulant formation, innovation, concertation multi-acteurs et technologies numériques, le projet ABEE s’impose comme une initiative de référence pour transformer durablement les systèmes agricoles en Afrique de l’Ouest. Il préfigure un modèle reproductible pour d’autres régions confrontées aux mêmes défis.

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