
CORAF : TRENTE ANS D’INNOVATION AU SERVIVE DE L’AGRICULTURE
Dans quel contexte le CORAF a été créé ?
- Des famines endémiques;
- D’importants flux migratoires à l’intérieur des pays et hors des frontières nationales, des zones sèches vers les zones plus humides;
- Une forte dégradation de l’environnement ayant entrainé une importante perte de la biodiversité.
Si ces phénomènes ont été plus marquants dans les pays sahéliens d’Afrique de l’Ouest, ils ont également été observés en Afrique Centrale, notamment dans la partie septentrionale du Tchad, du Cameroun et de la Centrafrique. La forte dégradation du massif forestier du Bassin du Congo, considéré comme le ‘’deuxième poumon vert’’ du monde après l’Amazonie, a aussi été constatée. Cette dégradation de l’environnement s’est répercutée de façon dramatique sur les populations les plus démunies, en l’occurrence les femmes et les enfants vivants surtout en milieu rural.
La forte dépendance de l’agriculture de ces pays aux aléas climatiques a causé des répercussions catastrophiques sur les productions agricoles, notamment vivrières en particulier et sur les économies nationales en générale fortement tributaires du secteur agricole. Face à une nature devenue hostile, il fallait une mobilisation à l’échelle des pays, des sous régions et de la communauté internationale pour faire face à la situation. Du coup, le rôle de la recherche agricole devenait alors capital. De nombreuses initiatives ont été prises pour relancer l’agriculture à travers la diffusion de nouvelles techniques agricoles. Il s’agit en l’occurrence de :
- la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (C.E.D.E.A.O.), créée en 1975, avec pour objectif de promouvoir la Coopération régionale et le développement dans les domaines économiques dont l’agriculture et la gestion des ressources naturelles. Elle regroupe quinze (15) pays membres : Sénégal, Guinée, Guinée Bissau,Gambie, Libéria, Côte d’Ivoire, Ghana, Sierra Léone, Mali, Burkina Faso, Bénin, Togo, Nigéria, et Niger;
- La Communauté économique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC) a été initialement créée en octobre 1983, par onze Etats d’Afrique Centrale (Angola, Burundi, Cameroun, Centrafrique Congo Brazzaville, Congo Démocratique, Gabon, Guinée Equatoriale, Rwanda, Sao Tomé et Principe 16 et Tchad) en vue de promouvoir la coopération régionale. Actuellement le Burundi et le Rwanda font partie de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC).
Les initiatives visant une meilleure coordination et un renforcement des capacités de recherche au plan régional en réponse aux défis de développement ont également vu le jour. Il s’agit entre autres :
- du Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) créé en 1973 avec pour mandat de s’investir dans la sécurité alimentaire et dans la lutte contre les effets de la sécheresse pour un nouvel équilibre écologique. Ce mandat couvre neuf (09) pays que sont le Burkina Faso, le Cap Vert, la Gambie, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, la Mauritanie, le Sénégal et le Tchad.
Le CILSS s’est doté de deux (02) structures spécialisées, l’Institut du Sahel (INSAH), chargé de la coordination de la recherche agricole au Sahel et le Centre Régional AGRHYMET, chargé des questions d’agro-météorologie, suivi écologique et de formation en protection des végétaux:
- du projet de recherche et Développement des cultures vivrières dans les zones semi-arides d’Afrique (SAFGRAD) créé en 1975 avec le soutien financier de l’USAID dans l’optique de promouvoir la production vivrière à travers un partenariat entre les centres internationaux et les instituts nationaux de recherche agricole. Le bureau de coordination de ce projet qui était basé à Ouagadougou sous l’égide de l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A. ancêtre de l’U.A.) couvre vingt-cinq (25) pays d’Afrique Subsaharienne. De l’Association pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l’Ouest (ADRAO, actuel AfricaRice) créée en 1974, regroupait seize (16) pays et devenue par la suite une structure du CGIAR avec comme siège Bouaké en République de Côte d’Ivoire.
- du CIRDES créé en 1991 pour servir d’installation de recherche à vocation sous-régionale dans le domaine de l’Elevage. Basé à Bobo Dioulasso (Burkina Faso), ses activités concernent à l’heure actuelle six pays d’Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger et Togo et Guinée Bissau.
Toutes ces initiatives de l’époque se proposaient de contribuer dans leurs domaines respectifs, à résoudre la crise alimentaire et écologique en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Avant le CORAF de quelle manière la recherche agricole était organisée dans les pays d’Afrique francophone ?
La reprise en main de la gestion de la recherche agricole par les structures nationales a été donc graduelle. Il convient de souligner que toutes les institutions nationales de recherche rencontraient des difficultés communes de croissance. Elles devaient aussi plaider leurs causes auprès de leurs gouvernements et des bailleurs de fonds dans un contexte d’ajustement structurel. En outre, les dimensions nationales des États étaient trop étroites pour la communauté scientifique. Il fallait surmonter la « balkanisation politique et administrative ». La nouvelle génération des chercheurs qui avaient été recrutés par les instituts nationaux avait besoin d’un cadre d’expression et de carrière et une unanimité était faite autour de l’idée que la recherche doit être pensée à l’échelle régionale.
D’une manière générale, le constat qui s’est imposé à l’époque était l’inorganisation de la plupart des instituts de recherche agricole d’une part et, l’existence d’une multitude d’acteurs pour ce secteur, sans liens les uns avec les autres d’autre part. A la faiblesse des instituts nationaux venait donc s’ajouter, l’absence de liens formels avec les centres internationaux.
Pourquoi la création du CORAF?
De cette spécificité, découle ainsi l’originalité même du CORAF qui a adopté pour la mise en œuvre de projets de recherche communs, une démarche ascendante basée sur un regroupement de chercheurs des programmes nationaux sur des thématiques prioritaires. La volonté affichée par les principaux acteurs de la recherche agricole africaine depuis la rencontre de Paris a été fortement encouragée et soutenue par le CIRAD et le Ministère français de la Coopération.
Qui sont les pères fondateurs du CORAF ?
- Coulibaly Dognenena Directeur de la recherche de l’Institut Des Savanes (IDESSA) de Côte d’Ivoire
- Jacques Eckebil, Directeur de l’Institut de la Recherche Agronomique (IRA) du Cameroun
- Jean Nya Ngatchou, Secrétaire général du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche du Cameroun
- Michel Sedogo, Directeur général de l’Institut National de la Recherche Agronomique puis du Centre National de la Recherche Scientifique et Technique du Burkina Faso
- Fatogoma Traoré, Directeur d l’Institut d’Économie Rurale du Mali
- Charles Razafindrakoto, Directeur général du Centre National de recherche appliquée au développement rural (FOFIFA) de Madagascar
- Moctar Touré, Directeur de l’Institut Sénégalais de Recherches agricoles (ISRA)
- Les responsables de la recherche du Tchad, de Centre-Afrique, du Congo, du Togo, du Bénin, du Niger, de Guinée et du Gabon ont aussi joué un rôle actif.
Du côté français, d’Hervé Bichat, ancien Directeur Général du CIRAD et de ses collaborateurs M. Bernard Bachelier qui fut le premier Secrétaire Exécutif du CORAF (1987-1990) et Rolland Guis Délégué Afrique du CIRAD.
La représentation de l’ORSTOM était assurée par Harry Palmier.
C’est ce groupe qui a élaboré les éléments de base de du CORAF : statuts, logo, principes de fonctionnement, stratégie, animation des réunions.
Quelle est la Mission du CORAF ?
Le CORAF a été donc conçu comme l’instrument du renforcement d’une communauté scientifique africaine enracinée dans son milieu, par la création d’un espace africain de recherche collaborative. Plus tard, le CORAF deviendra de fait, le bras technique de la CEDEAO en tout ce qui concerne les questions agricoles.
De quelle manière les programmes de recherche étaient composés au sein du CORAF ?
- Les programmes des pays gérés conjointement par les instituts nationaux ou les services des ministères de développement rural avec les instituts spécialisés français. La mise en œuvre de ces programmes obéissait à des schémas définis de commun accord. En règle générale, il existait un Comité National de la Recherche Agronomique qui définissait les orientations et axes de recherche.
- Les programmes émanant des nouvelles initiatives ou des centres internationaux dont la mise en œuvre se faisait avec l’implication de chercheurs désignés par leurs instituts mais qui échappaient à la coordination d’ensemble.
Dans les deux cas, l’immense majorité des programmes concernaient les productions vivrières à travers une approche disciplinaire des activités : sélection variétale, agronomie, défense des cultures. Cette approche classique se justifiait en partie par les succès de la révolution verte qui venait de s’opérer en Asie où la diffusion de variétés performantes a permis d’éradiquer la faim. A ce titre, beaucoup de programmes en Afrique ambitionnaient de diffuser des variétés « miracles pour booster » la production alimentaire et en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire dans les pays.
Au fil des années, la base du CORAF s’est de nouveau agrandie. Et lors de la troisième Plénière de l’institution, tenue en 1990, à Antananarivo, à Madagascar, la décision de transférer le Secrétariat exécutif à Dakar, au Sénégal, a été prise.
C’est quoi la Vision du CORAF ?
C’est quoi l’Objectif du CORAF ?
Quelles sont les fonctions du CORAF ?
- Coordonner les SNRA des 23 pays, encourager la planification et les systèmes financiers et administratifs communs, harmoniser les sources, soutenir les programmes alignés aux principes du FAAP.
- Renforcer la capacité des SNRA, créer et maintenir l’expertise, promouvoir le renforcement institutionnel, développer les compétences dans l’exécution de IAR4D.
- Faire le plaidoyer, faciliter l’adoption des options stratégiques, faciliter la mise en œuvre des politiques, faire le plaidoyer pour mobiliser les ressources financières et enfin
- Gérer la connaissance agricole, convertir l’information en connaissance, établir des mécanismes pour faciliter la diffusion des connaissances.
Quels sont les axes d’intervention du CORAF ?
- Développement de nouvelles technologies et innovations agricoles
- Collecte et diffusion de données agricoles et
- Renforcement et la coordination des systèmes agricoles régionaux, y compris les recommandations politiques favorisant la croissance agricoles à l’intention des Etats membres.
Avec qui le CORAF collabore ?
Comment est composé le CORAF ?
A ce titre, il se compose de deux types de membres :
- Les membres fondateurs
- Les membres adhérents
Quels sont les membres fondateurs du CORAF ?
- Institut National des Recherches Agricoles du Bénin, INRAB, Bénin
- Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles, INERA, Burkina Faso
- Institut de Recherche Agricole pour le Développement, IRAD, Cameroun
- Instituto Nacional de Investigaçẫo e Desenvolvimento Agrấrio, INIDA, Cap-Vert
- Institut Centrafricain de Recherche Agronomique, ICRA, République Centrafricaine
- Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique, DGRST,
- République Populaire du Congo
- Centre National de Recherche Agronomique, CNRA, Côte d’Ivoire
- Institut de Recherches Agronomiques et Forestières, IRAF Gabon
- Institut National de Recherche Agricole, NARI, Gambie
- Council for Scientific and Industrial Research, CSIR, GHANA
- Institut de Recherche Agronomique de Guinée, IRAG, Guinée
- Institut National de Pesquina Agrara, INPA, Guinée-Bissau
- Institut d’Economie Rurale, IER, Mali
- Comité National de la Recherche Agricole, CNRA, Mali
- Centre National de Recherche Agronomique et de Développement Agricole, CNRADA, Mauritanie
- Centre National d’Elevage et de Recherches Vétérinaires, CNERV, Mauritanie
- Institut National de Recherche Agronomique du Niger, INRAN, Niger
- Department of Agricultural Sciences, Federal Ministry of Agriculture and Rural Development, Nigeria
- Institut Sénégalais de Recherches Agricoles, ISRA, Sénégal
- National Agricultural Research Co-ordination Council, NARCC, Sierra- Leone
- Institut Tchadien de Recherche Agricole pour le Développement, ITRAD, Tchad
- Laboratoire de Recherches Vétérinaires et Zootechniques de Farcha LRVZ, Tchad
- Institut Togolais de Recherche Agronomique, ITRA, Togo
- Institut National pour l’Etude et la Recherche Agronomique, INERA, République Démocratique du Congo
Quels sont les membres adhérents du CORAF ?
- Le Réseau des Professionnels de l’Agro-industrie en Afrique de l’Ouest et du
- Centre, Interface Le Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de l’Afrique de l’Ouest, ROPPA La Plateforme Régionale des Organisations Paysannes de l’Afrique Centrale, PROPAC Les Communautés Economiques Régionales et Organisations Intergouvernementales
- Les Partenaires Scientifiques
- Les Partenaires Financiers
Quels sont les organes du CORAF ?
L’Assemblée Générale
Quant aux sessions Extraordinaires de l’Assemblée Générale, elles peuvent être convoquées lors des circonstances exceptionnelles ou pour examiner des questions se rapportant à une modification des statuts. La tenue de sessions extraordinaires de l’Assemblée Générale peut être exigée par deux tiers des membres du CORAF.
Le Conseil d’Administration
Les membres du Conseil d’Administration servent pour une période de deux (2) ans renouvelable une seule fois. Il est procédé au renouvellement d’un tiers des membres du Conseil d’Administration à chaque session ordinaire de l’Assemblée Générale. En cas de vacance, le Conseil d’Administration procède à la cooptation d’un membre jusqu’à la prochaine Assemblée Générale qui ratifie alors la désignation dudit membre. Le Conseil d’Administration se réunit au moins deux (2) fois par an. Le Conseil d’Administration peut inviter des observateurs à ses réunions, qui, cependant, ne disposent d’aucun droit de vote.
Fonctions et Pouvoirs du Conseil d’Administration
Le Comité Scientifique et Technique
Les membres du Comité Scientifique et Technique siègent pour un mandat de trois ans renouvelable une fois. Le Comité Scientifique et Technique se réunit une fois par an en session ordinaire et en session extraordinaire le cas échéant. Pour faciliter la mise en œuvre de ses fonctions, le Conseil Scientifique et Technique met sur pied des sous-comités ad hoc en vue de traiter de questions spécifiques.
Le Secrétariat Exécutif du CORAF
Le Directeur Exécutif du CORAF
Assurer la Direction Générale et la Représentativité légale de CORAF sur délégation du Président du Conseil de d’Administration, superviser les activités du Secrétariat Exécutif, assurer le leadership scientifique d’administration et de gestion effective des ressources humaines, financières et physiques du Secrétariat Exécutif du CORAF. Il s’assure aussi que les décisions de l’Assemblée Générale et du Conseil d’Administration sont entièrement mises en œuvre, et veille au fonctionnement efficient et efficace du Secrétariat Exécutif. Le Directeur Exécutif assure le Secrétariat lors des réunions du Conseil d’Administration et de l’Assemblée Générale, effectuer un contrôle et un suivi régulier des activités scientifiques ainsi que de l’organisation des audits financiers, institutionnels et des programmes et projets. C’est à lui que revient la mission d’établir et de développer des partenariats et de développement scientifiques, de procéder à une recherche de fonds ainsi que d’autres ressources nécessaires à la mise en œuvre des activités du CORAF. Il représente également le CORAF à des réunions de partenaires, tel qu’il en est délégué par le Président du Conseil d’Administration, prépare les réunions statutaires de CORAF, les programmes annuels de travail et les budgets associés. La promotion et la diffusion effective de l’information ayant trait à la recherche et au développement agricole incombent également au Directeur Exécutif.
Le Directeur Exécutif est désigné pour un mandat de quatre (4) ans renouvelable pour un seul terme de quatre (4) années supplémentaires suite à des performances satisfaisantes et une évaluation positive effectuée par le Conseil d’Administration.